Autant en emporte le vent

Autant en emporte le vent

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L'autre, PhiloSex

19 Dec 21

Quand on avance dans le temps, dans la vie, quand on avance vers soi-même, j’ai l’impression qu’en fait on pourrait vivre avec n’importe qui. J’en entends qui disent que c’est de plus en plus difficile de trouver un partenaire, à cause de nos valises, de plus en plus lourdes et nombreuses… Et si c’était l’inverse ? On pourrait dire aussi qu’on cherche de moins en moins en l’autre, ce qu’on a déjà trouvé en soi.

Au début on trouve son double, ou son complément, on s’attache, on fusionne, et on a cette impression déchirante que l’autre est unique, sa moitié d’orange, l’homme de sa vie. Puis au fur et à mesure des années on se rend compte que des hommes/femmes dans sa vie, il va y en avoir plusieurs. Un peu différents, peut-être tous avec un point commun. Mais en tout cas, ce sont nos façons d’aimer qui sont différentes, qui nous définissent, nous complètent. Puis on parvient à un point où finalement on arrive à s’aimer soi-même. Plus que l’autre. Pas forcément dans le sens narcissique du terme, mais dans celui qui nous amène tout simplement à être en paix. En paix avec ses défauts, ses hauts et ses bas, ses creux et ses formes, dans l’acceptation, la contemplation, et peut-être même dans le bonheur.

L’autre à ce moment-là prend un un sens différent. Il n’est plus plus là pour suppléer à mes peurs ou à mes manques, mais il devient un compagnon. Un plus. Ce qui ne veut pas dire que « nous » ça manque d’intensité, de sexe ou d’aventure, mais ça veut dire que le plus important pour moi, « ce à quoi » tu me sers, peut être remplacé ou complété par n’importe qui, ou presque, en tout cas si je dis que je t’aime « toi », finalement c’est peut-être pas « toi » mais plutôt « ma relation avec toi », la perspective de ce que nous pourrions échanger, nous apporter. Car cela devient plus important que qui tu es toi, même si parfois c’est lié bien entendu, mais pas autant que lors de nos premières amours.

La douceur de l’amour mûr est donc plus puissante en ceci qu’elle se focalise non plus sur toi, ou sur moi, tes/mes besoins et attentes, mais sur la relation en elle-même, pour le plaisir.
Je n'ai qu'à ajouter la phrase de Nietzsche : « Celui qui a un pour quoi vivre peut supporter n'importe comment », également tellement bien illustrée dans Découvrir un sens à sa vie de Viktor Frankl.
Bon voyage…

P.S. À propos de l’illustration : je cherchais quelque chose qui puisse illustrer l’amour, le partage, l’attachement au long terme, mais l’idée d’y associer la vieillesse me chagrinait. Alors j’ai vu cette image qui m’a rappelée la fin du fabuleux film « Au delà de nos rêves ». Ceux qui l’ont vu souriront, et pas de spoiler pour ceux qui doivent encore le voir ;-)


Ils en parlent :

Au delà de nos rêves - Vincent Ward 1998
Découvrir un sens à sa vie - Viktor Frankl

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